lundi 20 juillet 2015

Plans

L'expérience nous l'a appris : lorsque, provenant des associations œnophobes en tous genres, une grande campagne se déroule tous médias confondus, dès le lendemain il faut être vigilant.
Car nous savons que, selon la planification habituelle, dans les quelques jours qui suivent va intervenir une juteuse proposition susceptible de les enrichir encore.
Cette fois-ci, ça n'a pas traîné !

La campagne s'est déroulée le 7 dernier (voir notre article "Et allez !") et 3 jours après, le 10 donc, 18 d'entre elles écrivaient à Mme Marisol Touraine, et lui proposaient leurs bons services afin de «participer activement à l'élaboration d'un Plan  national  de  réduction des dommages dus à la consommation d'alcool».
Penchons nous sur ce document, il le vaut bien : http://www.anpaa.asso.fr/images/media/201506telechargements/min-sant-touraine-plan-alcool.pdf.

Quelques remarques.

1) Tout d'abord, il convient de se souvenir que la campagne du 7 juillet était articulée autour d'un document signé par MM. François Paille et Michel Reynaud :  http://www.invs.sante.fr/beh/2015/24-25/pdf/2015_24-25_1.pdf.
Et qui retrouve-t-on parmi les 18 signataires ?
MM. Reynaud Michel et M.Paille François, évidemment !
Vraiment désintéressé, ce diagnostic !
La preuve : ces 2 messieurs, à la rubrique "déclaration d'intérêt" (fin de l'avant-dernière page) ont indiqué que «les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts par rapport au thème de cet article».

2) La lettre à Mme Touraine commence par la remercier pour le rôle qu'elle a joué aux côtés des anti-clarification dans l'affaire de l'amendement adopté dans le cadre de la loi Macron et qui concerne la loi Évin.
Un fait dont, à l'inverse bien évidemment,  se réjouissent tous les défenseurs du vin :  http://www.vinetsociete.fr/presse/communiques/loi-macron-l-article-62-ter-concernant-la-loi-evin-clarifie-par-un-amendement-du-gouvernement.
Deux courriers beaucoup moins agréables ont aussi été adressés au Président de la République (http://www.anpaa.asso.fr/images/media/201506telechargements/hollande-amendement-loi-macron.pdf) et au Premier Ministre (http://www.anpaa.asso.fr/images/media/201506telechargements/valls-amendement-loi-macron.pdf).
Mais ces 2 derniers ne comportaient pas la proposition d'un "Plan  national  de  réduction  des  dommages dus à la consommation d'alcool".
C'est donc uniquement sur le budget de la Santé qu'il est envisagé d'émarger.
À titre de compensation et en jouant sur la solidarité entre "anciens combattants" d'un même camp ?
À noter une petite faute stratégique : "les 18" ont manifesté leur gratitude envers Mme Touraine mais ont oublié de remercier également le ministre de l'Agriculture-mais-en-l'occurrence-pas-des-agriculteurs qui l'aurait pourtant, dans leur optique, tout autant mérité : http://www.ladepeche.fr/article/2015/06/08/2120390-loi-evin-touraine-et-le-foll-contre-tout-changement.html.

3) Nos 18 associations, tout en vantant l'efficacité de la loi Évin, constatent comme nous «l’accroissement  des "bitures  expresses"  (ou  binge  drinking)  et  l’importance  des  dommages et des coûts sanitaires et sociaux» liés à l'alcool.
Cela ne devrait-il pas les amener au contraire à penser comme nous que ladite loi est un échec?
Donnée intéressante : l'étude de MM. Paille & Reynaud nous dit que l'âge moyen des personnes hospitalisées pour cause d'intoxication alcoolique aiguë est de 43,5 ans.
Il s'agit donc de la "génération Évin", puisqu'elles entraient dans l'âge adulte au moment de la promulgation de la loi qui porte ce nom.

Mais attention ! Cette loi ne doit pas non plus être accusée de tous les maux car la source du problème se situe au niveau de la génération qui a élevé celle dont nous venons de parler.
La précédente, donc.                                                                                                             La première qui, submergée par l'offensive cocacolonisatrice, s'était mise à délaisser progressivement la culture du vin et à moins bien en assurer la transmission.

Les cocacollabos commençaient à se glisser dans les rouages de l'Etat et un différentiel fiscal favorable aux boissons les plus délétères était mis en place.
Épisodiquement certains s'emploient encore à tenter de l'accroître.
Il n'est absolument pas exclu que l'élaboration d'un nouveau "plan" leur permette à nouveau d'exercer leurs talents.

À cette époque,  fort opportunément,  de fumeuses théories étaient mises en exergue comme celle dite "de Ledermann", laquelle proclamait que ce n'était que par la lutte contre la consommation régulière et modérée que l'on pourrait venir à bout des abus.
Relire notre fiche à ce sujet (elle a 6 ans mais elle n'a pas trop mal vieilli) :  http://honneurduvin.vitisphere4.vitisphere.com/theorie-de-ledermann/.

Aujourd'hui, ce sont ses propres adeptes qui, au travers de leurs conclusions, en démontrent la stupidité.
Ce qui n'empêche pas certains incurables de s'en prendre à la moindre consommation !
Écoutons par exemple s'exprimer M. Philippe Batel, juste après avoir pu voir un verre de vin se remplir : «Ces complications elles sont liées à des quantités d'alcool qui ne sont pas forcément très élevées...» De la 22° seconde à la 44°:

Il faudrait peut-être proposer l'élaboration d'un "Plan national de réduction des dommages dus aux pathologies œnophobiques", non ?
Nous allons préparer un devis...

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