vendredi 12 octobre 2012

Psychoactivité positive

Que veut dire le mot psychoactif ? Voici une définition simple : ayant une action sur le cerveau. Le cerveau est le siège des fonctions cognitives mais aussi des émotions, des sentiments même si, concernant ces deux derniers points, c'est depuis la préhistoire le cœur qui symbolise ce centre, celui aussi des ressources psychiques, du "moral" comme on dit. Une substance, un produit psychoactifs agiront donc sur ce cœur symbolique. Le vin est un produit psychoactif nous ne l'avons jamais nié. Nous l'affirmons même avec fierté et bien d'autres l'ont observé bien avant nous. «Le bon vin réjouit le cœur de l'homme», «donnez du vin à ceux qui ont l'amertume au cœur », «pas d'allégresse sans vin» nous apprennent la Torah et le Talmud.
    Pour sa part, Pline l'Ancien ajoutait : «le vin, à lui seul, est un remède, il nourrit le sang de l’homme, il réjouit l’estomac et amortit chagrins et soucis ».     
 Et peut-être qu'Hippocrate, le père de la médecine moderne, ne pensait-il pas seulement au corps lorsqu'il affirmait : «Le bon vin est une chose merveilleusement appropriée à l'homme si, en santé comme en maladie, on l'administre avec propos et juste mesure suivant la constitution individuelle».
  Mais outre le cœur (1) et le corps, il y a aussi l'effet sur les capacités de l'esprit lui même.
 L'esprit qui conceptualise : on se souvient que, selon Platon, lors des banquets au cours desquels Socrate, au sein de son Akademeia, pratiquait la maïeutique, l'art d'accoucher les esprits, du vin était servi pour faciliter la mise au monde des idées, des concepts. C'est ainsi notamment qu'a été théorisé le principe de République. (2)
  Et puis aussi l'esprit au sens français du terme, celui qui scintille et agrémente les conversations et la littérature, celui qui faisait dire à Voltaire, en plein Siècle des Lumières à propos du champagne (de création alors relativement récente) :
              «De ce vin frais, l’écume pétillante, 
                de nos Français est l’image brillante».
  Et dans le domaine de l'émotion artistique pure, peut-on penser que Bach ou Mozart aient pu atteindre le sublime sans leur amour du vin ?
  Dans celui de la poésie on peut citer, entre autres, Omar Khayyam, Ibn al-Farid (Eloge du Vin) ou Baudelaire, bien sûr. Et dans celui de la littérature, ceci pour un peu féminiser notre propos mais surtout parce qu'elle a écrit des choses merveilleuses sur le vin, c'est Colette que nous évoquerons en exemple.
  Mais il convient surtout de ne pas oublier l'immense Victor Hugo qui souligne ainsi l'effet éclaircissant pour la pensée :
  « À jeun, moi j'ai l'esprit rêveur et saugrenu :
   Je bois un coup, l'erreur s'en va, le faux se brise,
    Avez vous remarqué cela ? Le vin dégrise».
 Pour tenter de comprendre par quel mécanisme se produit cet effet psychoactif améliorant les qualités intellectuelles, on peut se reporter à notre article du 26 Janvier dernier (sans oublier le commentaire de notre lecteur qui est intéressant).

  (1) Il ne saurait être question pour nous de prétendre pour le produit que nous défendons à l'exclusivité de la psychoactivité naturelle positive* dans le domaine alimentaire**.
  D'autres peuvent y prétendre, souvent plus récemment sur nos tables : le chocolat par exemple est, paraît-il, "bon pour le moral". L'idéal étant qu'il soit consommé pur, sans sucre ajouté.
*Nous nous sommes refusé ici à aborder le cas des molécules psychoactives de synthèse (psychotropes et autres) faisant partie de la pharmacopée car elles sont forcément bénéfiques puisqu'agréées par... l'ex-ASSAFPS.
**A ceux qui se refusent à considérer le vin comme étant partie prenante du domaine alimentaire, nous précisons qu'il fait partie des produits cités dans le Codex Alimentarius (FAO/OMS).

  (2) En ces temps plutôt propices à la perplexité devant une situation globale difficile à maîtriser, il est une solution pour que nos gouvernants légifèrent aux mieux : «Servez-leur du bon vin, ils vous feront de bonnes lois », conseillait Montaigne.

Nota Bene
Cet article a été intégré à notre dossier "Œnoptimisateur cérébral".
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jeudi 26 janvier 2012

Découverte importante : une molécule naturelle, connue depuis 80 siècles, aide le cerveau à apprendre !

 A) Une mémoire différente
Intéressante cette étude menée par un neurobiologiste, Hitoshi Morikawa, du Waggoner Center for Alcohol and Addiction Research de l'université du Texas :  http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3086894/                                                       
Elle démontre que la consommation d'alcool developpe une mémoire différente de la mémoire dont nous avons conscience car, selon le chercheur, «notre inconscient apprend et se souvient également, et l'alcool peut en fait augmenter notre capacité à apprendre à ce niveau» et cela par augmentation de la plasticité synaptique de certaines zones cérébrales expliquée par la libération de dopamine dans le cerveau développe un forme particulière de la mémoire : la mémoire subsconsciente.         
Et le Pr Morikawa, dont la vocation, il faut le souligner, est la lutte contre l'addiction, ajoute : «Les gens voient le plus souvent la dopamine comme un neurotransmetteur de plaisir, mais c'est plus précisément un neurotransmetteur d'apprentissage. Il renforce les synapses qui sont activées lorsque la dopamine est libérée.

B) Et si tout commençait "in utero"
Cette amélioration des facultés cognitives est peut-être à rapprocher de l'étude dont nous avons déjà parlé et qui prouve que, lorsque leur mère en avait consommé de manière extrêmement modérée au cours de leur grossesse (1 à 2 verres par semaine), les enfants non seulement n'étaient pas exposés au syndrome d'alcoolisme fœtal, mais ils présentaient de plus 30 % moins de risque de souffrir de troubles comportementaux que ceux dont les génitrices s'étaient abstenus de toute consommation d'alcool pendant neuf mois. De plus ils obtiennent de meilleurs résultats aux tests cognitifs. Les garçons en particulier sont plus aptes à réussir aux tests de vocabulaire et d'identification d'images avec des différences statistiques suffisantes pour faire abstraction des éventuels facteurs sociaux :  http://ije.oxfordjournals.org/content/38/1/53.full.pdf+html?sid=bf22f645-4b1b-4230-83cd-96d626f6f371.                        

C) Et pendant l'allaitement ? 
Cette étude anglaise relativement récente et jamais remise en cause depuis sa parution en 2002 a constaté, à la grande stupéfaction de ses auteurs, de meilleurs scores dans certains domaines du développement neurologique chez des enfants de 18 mois (et des scores similaires dans les autres domaines) lorsqu'ils étaient allaités par une mère consommant de l'alcool à une fréquence allant de une à deux fois par semaine à tous les jours que ceux allaités par une mère n'en consommant pas :            http://pediatrics.aappublications.org/content/109/5/e72.full.html.

D) Comment optimiser ?
Même s'il s'agit de l'organe peut-être le plus prestigieux, il n'y a pas que le cerveau dans le corps ! 
Pas plus que dans le vin il n'y a que de l'éthanol, autrefois appelé esprit-de-vin.
Et si l'on souhaite bénéficier des avantages ci-dessus évoqués, tant vaut-il en mettre aussi d'autres à profit et pour cela utiliser de préférence parmi les boissons éthanoliques, les jus de fruit fermentés : le vin, le cidre, le poiré, etc...
Il ne faut en effet pas oublier les précieux et nombreux avantages des polyphénols extraits des fruits mis en œuvre et notamment, en ce qui concerne le divin breuvage, la delphinidine et le resvératrol.
E) Quelle est la réaction officielle ?
Selon le Pr Batel, alcoologue réputé et habitué des médias, cela ne change rien :  http://www.20minutes.fr/societe/605655-societe-femmes-enceintes-alcool-les-autorites-doivent-continuer-proner-abstinence.                                                                                             
Mais on remarquera que la question qui lui est posée ne porte que sur l'innocuité d'une consommation telle que décrite plus haut, non pas sur son intérêt éventuel, et cela en référence à une étude réalisée sous la direction du Dr Yvonne Kelly et parue dans le Journal of Epidemiology and Community Health :    http://jech.bmj.com/content/early/2010/09/13/jech.2009.103002.abstract.                            
Ce qui, évidemment, génère une réponse biaisée. Nul doute que si Mr Batel avait connu la seconde étude ici citée, il aurait de lui même élargi le débat... et remarquons au passage que pour lui le 1° impact négatif «apparaît à partir de deux verres par jour».
F) Qu'en pensons nous ?                                                                                                                   
Nous partageons l'avis de Mme Kelly, auteur de l'étude, laquelle, s'exprimant dans un autre article du même journal, affirmait : «Il s'agit d'informer au mieux les femmes, afin qu'elles puissent faire un choix éclairé». 
Nous non plus ne remettons nullement en cause le risque d'apparition du syndrome d'alcoolisation fœtale dû à un usage éventuellement excessif, même ponctuellement, et n'hésitons pas à indiquer qu'entre l'abstinence et l'abus, mieux vaut la 1° solution... mais aussi que le concept de modération ne doit pas non plus être oublié ou dépr.écié. 
Au fond, ce n'est ni plus ni moins que la bonne vieille courbe en J qui se rappelle à notre bon souvenir !


Nota Bene (a posteriori)
Cet article a été intégré à notre dossier "Œnoptimisateur cérébral".
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