lundi 10 juin 2013

Méthodologie

Disséquons le principe méthodologique qui conduit à multiplier par un certain coefficient le nombre constaté de décès causés par la consommation d'alcool, cela pour en déduire la fraction attribuable à l'alcool du total des décès.
 Il est le suivant :
«1- la consommation d'alcool pur est évaluée à un certain nombre de litres par habitant et par an,
  2- cette évaluation a été faite sur bases déclarative [A],
  3- cette bases déclarative induit en erreur car les consommateurs d'alcool ont tendance a lourdement sous-évaluer leur niveau de consommation,
  4- il convient donc de prendre une autre base [B] : celle de l'alcool mis a disposition dans l'espace considéré, c'est à dire en gros du volume d'alcool commercialisé ramené aux individus
  5- en divisant [B] par [A] on obtient un coefficient [C] par lequel il faut multiplier le nombre de décès constatés pour obtenir le nombre de décès réels, lequel, divisé par le nombre de décès total, va nous donner en pourcentage la part attribuable à l'alcool».
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 Nous ne nous attacherons pas, pour l'heure, à commenter cet étrange principe de "multiplication des morts" pour cause de sous-évaluation volumique du facteur favorisant..
 Passons également, même si elles nous semblent évidentes, sur les manipulations d'assiette et de coefficient ... du moins dans l'immédiat.
Concernant cette "méthode d'ajustement" et l'incroyable particularité des résultats qu'elle donne pour la France, inscrivons nous dans l'hypothèse de la pertinence.
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 Mais affirmons aussi que du coup certaines questions se posent.
 Et d'abord la plus fondamentale : pourquoi la même méthode de calcul appliquée ici à un produit nocif en cas d'abus n'est-elle pas appliquée aux produits nocifs en cas d'usage ?
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Par exemple le sucre ajouté.
On peut constater au travers des micro-trottoirs visibles dans la 1° minute de ce documentaire (à partir de la 3° seconde), que, beaucoup plus que leur consommation d'alcool, les consommateurs sous-évaluent leur consommation de ce produit particulièrement nocif et addictif.
  En poids, 4,5 fois plus de sucre que d'alcool !
34 kg par français et par an : pas loin de 100 grammes par jour !
L'équivalent en tout cas de 19 "morceaux" standard !
 Ce qui correspond environ à 5 "demis" de bière par jour si ce sucre était mis en fermentation...
Plus encore pour les moins de 15 ans !
 Et ce n'est qu'un début puisqu'elles ne baissent pas d'intensité, les incitations à «ouvrir du bonheur»...
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 Il faudrait donc affecter le nombre de décès par diabète sucré d'un coefficient d'ajustement bien plus élevé que celui appliqué à l'alcool pour réévaluer la fraction de décès attribuables à ce produit.
 Sans oublier les problématiques liées à l'obésité, aux maladies cardio-vasculaires, etc...
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 On arriverait à un taux très probablement supérieur à celui du tabac.
En intégrant de même les risques générés par l’excès de sel ou de matières grasses et de l'usage de certains conservateurs, cela conforterait les propos du Dr Chevallier : «chaque année, la malbouffe provoque trois fois plus de morts que le tabac».
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Et en matière d'évolution fiscale, cela amènerait à en tirer prioritairement le même conclusion que lui : «taxons la malbouffe» !
 Cette cohérence devrait s'applique à tous, y compris à Mme Hill.
Ne disait-elle pas, en tant qu'épidémiologiste spécialisée dans la plus redoutable des maladies : «En terme de prévention des cancers, il convient essentiellement d'éviter l'obésité et le surpoids» ?
 Voir sa dernière intervention :
 http://www.senat.fr/compte-rendu-commissions/20130401/mecss.html#par95.
 Et puis, nous le répétons sans cesse, les dangers qui objectivement menacent les enfants de manière croissante ne devrait-il pas être traités en absolue priorité ?

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