6-a : coefficient
Il est très amusant, voire désopilant, de constater que l'application du coefficient "quantités mises en marché divisé par quantités déclarées consommées" (que nous appellerons désormais QMM/QDC) peut parvenir à provoquer un véritable effroi chez ceux qui l'utilisent !
À cheval sur les pages 6 et 7 du document «Estimating the number of alcohol-attributable deaths : methodological issues and illustration with French 2006 data», on peut voir au début du paragraphe «Adjusted vs. non-adjusted consumption data» que ce coefficient a été calculé en divisant 30g/j par 6,2g/j, soit QMM/QDC = 4,84 %. Presque 5%.
Et effectivement c'est ce que disent les auteurs à la 7° ligne de la page 10 : «almost 5».
Et c'est d'ailleurs par presque 5 qu'il faut multiplier le nombre total de morts "not-adjusted" (6357)pour avoir le "total attributable to alcohol adjusted" (33356). Voir avant-dernière ligne du tableau 3 page 26.
Enfin... en l'occurrence, "presque" voudrait plutôt dire "bon poids" : 5,25%.
Mais comment voulez-vous que le client revienne si vous ne lui en mettez pas 13 à la douzaine ?
Si vous ne fournissez pas des chiffres qui "impriment" suffisamment, il risque d'aller à la concurrence... chez Mme Hill, par exemple !
C'était en 2010, la suite a montré que cette inquiétude était fondée...
.
Le problème, c'est quand les chiffres finissent par donner des résultats incontrôlables.
Sur un document validé par le ministère français des transports et cité (note 52) par nos auteurs, «La sécurité routière en France: Bilan de l'année 2006. Paris: Observatoire National Interministériel de la Sécurité Routière», est de 1337 morts intervenus dans le cadre «d’accidents mortels où une alcoolémie illégale a été relevée» (taux supérieur à 0,5 g/l d’alcool dans le sang) .
Nous avons obtenu 1337 en multipliant le nombre de décès total par la proportion représentée par ses accidents, soit 28,4%.
Si on multiplie ce chiffre par 5, on obtient 6685, soit 40% de plus que le chiffre total communiqué, c'est-à dire 4709 !
Et si c'est "presque 5", soit 4,84%, ce n'est guère mieux...
Et encore, nous avons considéré, fautes de données plus précises, que chacun des accidents mortels en lien avec une alcoolémie illégale n'avait causé qu'un seul décès !
Mais, bon... sachant que le nombre de morts sur la route a considérablement diminué ces dernières années, ce chiffre est à peu près cohérent avec les données les plus récentes : http://www.securite-routiere.gouv.fr/medias-outils/les-chiffres-de-la-route/les-chiffres-de-l-alcool.
.
Mais les auteurs ont-ils appliqué leur méthode aussi aux accidents de la circulation ?
Bien sûr que oui ! Sans doute pour estimer le nombre d'accidents provoqué par des conducteurs qui au cours de leur vie n'avait pas appliqué avec la plus extrême rigueur la règle de totale abstinence...
Regardons le dernier paragraphe du sous-chapitre «Adjusted vs. non-adjusted consumption data», à cheval sur les pages 16 et 17.
D'entrée, il nous est dit que selon le Miinistère des Transports, en 2006, le chiffre des décès imputables à l'alcool était de 861. En le rapprochant des 1337 accidents mortels évoqués plus haut, on se rend compte que chaque accident mortel n'aurait causé que 0,64 décès...
Et puis, sont opérées un certain nombre de contorsions sémantiques, un passage assez confus par le chiffre de 667 en «non-adjusted number», une multiplication par 4,67 (au lieu de 4,84) et 3118 décès sont obtenus.
Et alors là : panique !
Et nos auteurs de reconnaître que ce chiffre, pourtant «adjusted» de manière allégée par le fameux coefficient QMD/QDC, est probablement sur-estimé (overestimated).
Ne vous inquiétez donc pas autant, braves gens!
L'association pour l'Honneur du Vin est là qui va vous rasséréner !
(À suivre)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire