I. Nous avons été assez étonnés par une récente déclaration du Président des USA, lequel, parlant du cannabis a affirmé : «Je ne pense pas que ce soit plus dangereux que l'alcool». Tout en en déconseillant clairement l'usage à ses filles. Et en ajoutant que «c'était une mauvaise idée, une perte de temps et pas très sain» : http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2014/01/20/obama-je-ne-pense-pas-que-fumer-du-cannabis-soit-plus-dangereux-que-l-alcool_4350725_3222.html.
Est-ce à dire que Barack Obama reconnait lui-même avoir parfois "la mauvaise idée de perdre du temps à se livrer à une occupation pas très saine"?
Nos lecteurs assidus se souviennent probablement que nous avions, il y a plus d'un an, parlé de son goût assumé pour la bière et de la richesse de sa cave à vin.
Relire notre article du 05/11/2012 : http://www.honneurduvin.com/obama-vs-romney/.
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En fait, il faut lire la totalité de sa déclaration pour mieux comprendre : «Comme cela a été révélé, j'ai fumé de l'herbe lorsque j'étais enfant et je considère cela comme une mauvaise habitude et un vice, pas très différent de celui des cigarettes que j'ai fumées lorsque j'étais jeune et jusqu'à un âge avancé de mon existence d'adulte. Je ne pense pas que ce soit plus dangereux que l'alcool.»
On peut observer que :
a) cette déclaration fait suite à une révélation probablement considérée comme gênante et à laquelle il convenait de répondre en minimisant l'acte autant que possible pour laisser entendre que les facultés cérébrales présidentielles n'étaient pas amoindries.
b) c'est uniquement au tabac que le cannabis est comparé en tant que vice.
Vice et danger sont des choses différentes : la comparaison avec l'alcool n'est faite que sur le plan de la dangerosité.
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Comparaison abusive à notre sens, puisque si l'être humain est équipé de dispositifs détoxifiants en ce qui concerne l'alcool, notamment les enzymes alcool-déshydrogénases, par contre ses poumons ne sont absolument pas armés contre les fumées de différentes natures... ou les particules fines.
On voit d'ailleurs bien dans le Global health Risks de l'OMS (page 11) que, dans les High Income Cuntries (les pays à haut niveau de vie, tels que les États Unis... ou la France) la pollution urbaine tue 2 fois plus que l'usage de l'alcool.
Et le tabac 15 fois plus.
Qui plus est, personne, même pas Mme Hill, ne conteste l'intérêt d'une faible consommation quotidienne d'alcool.
Alors que personne ne reconnaîtra la moindre vertu à la moindre bouffée.
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II. Et nous avons été tout à fait indignés de la manière dont cette déclaration a été exploitée par certains médias, détournement de sens à l'appui.
Prenons par exemple I Télé à l'occasion de son émission "On ne va pas se mentir" :
http://www.itele.fr/chroniques/onvpsm-on-ne-va-pas-se-mentir/pas-touche-a-la-loi-veil-obama-fumer-mieux-que-boire-psa-un-fleuron-francais-sous-emprise-chinoise-razzy-hammadi-un-depute-normal-69598.
Voir le titre : «Obama : fumer mieux que boire ?».
Titre repris incrusté dans les images (par intermittence et plusieurs fois de 16 mn 30sec à 22mn).
Ecoutons les propos de l'animatrice, Mlle Léa Salamé, dès le tout début : «Le président américain estime qu'il est moins dangereux de fumer du cannabis que de boire de l'alcool».
Cette affirmation est répétée à 14mn 54sec, à 16mn 04 sec,
La bonne vieille méthode du bourrage de crâne !
Pourquoi ne pas rebaptiser l'émission ?
Au lieu de "on ne va pas se mentir", on pourrait l'appeler "on va mentir aux téléspectateurs" par exemple...
Ce serait logique, puisque les propos du président Obama ont été gravement déformés.
Et pourquoi, puisque Mlle Salamé nous dit en entame que chez elle le débat se déroule «sans langue de bois», ne pas parler plutôt de "langue de soda gazeux" ?
Cette dernière question parce que I Télé est une filiale du groupe Canal +, chaîne sur laquelle est diffusée une émission dénommée "Le petit journal" et que nous gardons en mémoire un commentaire posté il y a quelque temps par l'un de nos lecteurs : http://www.honneurduvin.com/du-pain-sur-deux-planches/#comments.
C'est d'ailleurs sur I Télé que Mr Christophe Barbier, il y a presque un an, avait relaté les propos du Ministre de l'Intérieur d'une manière qui nous avait quelque peu... surpris.
Relire notre article "Barbier : la triche".
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III. À l'attention de M. Obama et concernant le même sujet, rappelons les mots de l'un de ses illustres prédécesseurs et non le moindre.
Abraham Lincoln, qui reste dans les mémoires comme l'un des personnages les plus emblématiques de la lutte contre l'esclavage, disait : «Il est reconnu depuis longtemps que les problèmes liés à l’alcool ne sont pas dus à l'usage d’une mauvaise chose, mais à l'abus d’une bonne chose».
À l'inverse, le Ku Klux Klan, organisation ségrégationniste, fondée au lendemain de la Guerre de Sécession par d'anciens officiers confédérés, fut un des principaux promoteurs de la prohibition.
Et fut même, après une période de relative inertie, réactivé en 1915 à Atlanta notamment dans ce but :
http://www2.potsdam.edu/hansondj/Controversies/1107362364.html#.UuEprtJKEf4.
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Réactivé à Atlanta ?
Mais Atlanta c'est bien la ville où se situe le siège de la "Coca-Cola Company", n'est-ce pas ?
C'est d'ailleurs à l'interdiction de l'alcool à Atlanta dès 1885 que le monde doit la création du plus célèbre des sodas gazeux par John Pemberton, vétéran confédéré.
Une sorte de limonade brune à base d'acide phosphorique carbo-hydraté dont nous parlons parfois ici.
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Lorsque c'est le cas, il nous arrive d'utiliser le mot "cocacolonisation", un néologisme créé dans les années 1950, c'est à dire à la période au cours de laquelle ce phénomène prenait pied dans notre pays et que commençait, par sbires interposés, à se mettre en place une véritable stratégie de discrédit à l'égard du vin.
Afin qu'il cède la place qu'il occupait à cette époque sur la table des français.
Une stratégie qui ne cessera dés lors et jusqu'à nos jours de monter en puissance... et en férocité!
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Peut-être, pour rendre un triple "hommage" à la lettre K, faudra-t-il que désormais nous écrivions plutôt : "KoKaKolonisation" !
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