mardi 7 mai 2013

Failles (2)

Bien entendu, compte tenu des règles en vigueur, nous ne pouvons mettre à la disposition des lecteurs l'étude publiée dans l'European Journal of Public Health (EJPH), étude que nous avons acquise "Alcool-attributable mortality in France".
  Ce que par contre nous pouvons dire, c'est qu'à nos yeux son contenu offre un grand nombre de similitudes avec ce document libre d'accès et produit par les même auteurs : "Mortalité attribuable à l'alcool en France". Lequel semble bien en avoir été le prototype.
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 Quelques différences existent cependant.
Ainsi, par exemple, dans la version IGR (Institut Gustave Roussy), la référence concernant la mortalité des français attribuable à l'alcool est une mystérieuse «Guérin 2013» qui laisse à penser qu'en l'occurrence on assiste à une auto-citation de l'étude par anticipation.
 Par contre, dans la version EJPH, la référence concernant cette même problématique est portée en tant que : «Hill C, Laplanche A, [The French drink too much alcohol], Presse Med 2010;39:158–64».
 Une étude dont voici le résumé en français :
http://www.em-consulte.com/article/257721/la-consommation-dalcool-est-trop-elevee-en-france.
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 De cette dernière nous avons également acquis le texte intégral.
Celui-ci porte essentiellement sur un certain nombre d'affirmations concernant le volume d'alcool consommé en France : à ce titre il comporte un certain nombre d'éléments intéressants sur lequel nous reviendrons.
 Par contre, concernant «les estimations de la mortalité totale» attribuable à l'alcool, on ne trouve rien, sinon tout à fait à la fin, dans la dernière partie de l'ultime phrase, une double note, [22, 23], qui renvoie à 2 ouvrages... qui portent tous deux la signature de Mme Hill.
 Et qui ne sont pas tout jeunes puisque :
- le 22 qui concerne une étude menée en collaboration avec Mr J-P Pignon, laquelle a été publiée en 1991 et portait sur l'année 1985. En voici l"'abstract" : Click.
- le 23, nous le connaissons déjà bien, c'est un article, il a été publié en 2000 et porte sur une étude finalisée en 1995.
Le voici : http://www.hcsp.fr/explore.cgi/ad301417.pdf.
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Le [22] nous donne un total de 52 000 décès pour 1985 tandis que le [23] n'en compte plus que 45 000 en 1995, soit une baisse d'environ 13,5%.
En moyenne 1,35% par an. Relativement cohérent avec la tendance observée en matière de volume d'alcool consommé.
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Et c'est essentiellement sur cette base, cette fois ci en pleine incohérence avec la susdite tendance, que Mme Hill nous dit que la mortalité attribuable à l'alcool en France est repartie à la hausse entre 1995 et 2009 !
 De 45 000 on passe à 49 000 : presque 9% soit environ 0,6% par an !
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 En quelques mots, c'est à peu près comme si on nous indiquait : «Je vous disais 52 il y a 22 ans, 45 il y a 13 ans et c'est ce qui me permet avec certitude de vous dire 49 aujourd'hui».
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Pas très sérieux tout ça !
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Cela dit, nous aussi pouvons avoir de l'humour comme en témoigne notre fiche .
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 De manière générale nous n'avons rien contre l'humour loufoque, mais en l'occurrence il nous est difficile de parvenir à la plus franche des hilarités.
 En effet, nous ne pouvons oublier que l'étude publiée dans l'European Journal of Public Health (étude que certains pourront éventuellement considérer répondre à la circonstance et avoir été bricolée hâtivement) a permis à Mme Hill de demander la taxation du vin en point d'orgue de son audition au Sénat par la commission "Fiscalité comportementale" de la Mission d’Évaluation et de Contrôle de la Sécurité Sociale (MECSS).
 Pratiquement un mois après une intense campagne médiatique orchestrée sur la base de cette même étude.
 Voir notre article : "Nous y voilà".
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Cela dit, nous aussi pouvons avoir de l'humour comme en témoigne notre fiche : "Nocebo".
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                                                                                                          (À suivre...)
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Dernière minute : bruissement aujourd'hui même dans les médias autour de 2 études concernant l'alcoolisation croissante des collégiens et lycéens.
 Exemple : http://www.metrofrance.com/info/alcool-un-collegien-sur-six-et-trois-lyceens-sur-cinq-ont-deja-ete-ivres/mmef!34lIIeMYdt5Bc/.
  À noter : nous sommes heureux de signaler que nous n'avons pas, à l'heure qu'il est, trouvé pour illustrer ces articles de photos du genre habituel : "décalées" quant au type de boisson concernée.
 Et nous permettons de faire remarquer que les générations émergentes, et cela depuis déjà assez longtemps, n'ont pas connu le vin quotidien sur la table familiale, sauf exceptions.
 Cela ne nous empêchera pas de nous pencher avec attention sur les documents de référence et de procéder éventuellement à certaines précisions... quand nous aurons le temps.
 Parce qu'en ce moment...

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