Dissimuler qu'on est incapable de faire respecter les règles existantes en durcissant celles-ci jusqu'à l'absurde est une vieille recette pour faire croire aux citoyens, et cela à coût quasi-nul, que l'on s'attache à résoudre les problèmes.
C'est en partant de ce principe qu'est évoquée actuellement l'instauration du "zéro gramme d'alcool au volant" par Mr Frédéric Péchenard, délégué interministériel à la Sécurité Routière.
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D'après nos informations, recueillies auprès d'une personne en l'occurrence particulièrement apte à en fournir, le sujet aurait été très récemment ajouté au programme des discussions du Conseil National de la Sécurité Routière alors qu'il n'en avait pas été question lors de l'établissement primitif dudit programme;
Bien entendu, des négociations auront lieu et la position de repli est déjà annoncée : réserver la mesure aux conducteurs les plus jeunes, 18 à 24 ans.(1)
Mais il est tout à fait possible qu'il s'agisse du coup "du pied dans la porte" et du "doigt dans l'engrenage" !
Nombreux sont les arguments pour démontrer l'inanité d'une telle mesure et, jusqu'à ce jour et depuis longtemps, les personnes de bonne foi en charge de la sécurité routière ont convenu de leur pertinence.
Pour se remémorer les plus évidents de ces arguments, on peut se reporter à notre article du 5 Mars 2010.
Nous attirerons juste, pour compléter, l'attention sur les problèmes particuliers aux professionnels du vin : dégustations (même en crachant), difficultés pour les œnologues itinérants, mise à mal de l’œnotourisme, etc...
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Cela dit, «un train peut en cacher un autre», et le coup pourrait être en fait celui du "cheval de Troie" !
Tentons un scénario.
Le projet de "zéro alcool au volant" se précise. Forte médiatisation.
Protestations de défenseurs du vin. Fortement amplifiée par les médias.
Alimentation du cycle provocation-protestation : de plus en plus de bruit.
Et puis... brusquement... concession : la tempête se calme, le projet est retiré.
Traduction médiatique : «le "lobby viticole" l'a encore emporté : une fois de plus il a fait plier le pouvoir et un cadeau lui a été octroyé» !
Mais... «timeo danaos et dona ferentes» .
Pendant les débats, en toute opacité favorisée par le vacarme provoqué par ce leurre, le projet de loi de santé publique a été élaboré.
Au moment opportun, il est rendu public.
Et dans le cadre de l'harmonisation fiscale entre boissons alcoolisées, une perspective que Mme Marisol Touraine, Ministre de la Santé, s'est récemment engagée à explorer (voir partie centrale de notre article du 11/12/12 ), elle comporte une augmentation pénalisante de la fiscalité appliquée au vin.
Le tout accompagné de ce commentaire face aux premières réactions :
«Le lobby viticole vient tout récemment d'emporter une victoire sur la sécurité routière, il doit comprendre qu'on ne peut pas toujours gagner et sur tous les tableaux. Cette fois-ci, pas de marche arrière» !
Projet-leurre, fausse reculade, véritable pénalisation fiscale : admirable (éventuelle) manipulation !
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Un peu "parano" notre scénario ? (2)
Peut-être, mais n'en retrouve-t-on pas la trame dans cette interview accordée au Point par Mme Chantal Perrichon, présidente de la Ligue contre la violence routière, notamment dans le dernier paragraphe ? (3)
Il est important de rappeler que Mme Perrichon était membre du groupe "sécurité sanitaire" pour la dernière élection présidentielle (vérifier), une association dont le site est placé sous la responsabilité du Dr Claude Got, l'âme de la loi Evin (voir en haut à droite de la page d'accueil).
Au fait, qu'en pense-t-il, le Dr Got, du taux d'alcoolémie zéro pour les jeunes ?
Eh bien, il est contre : écouter son propos sur RMC.
Certains pourront s'étonner de cette position pratiquement inverse à celle qu'il exprimait voici une dizaine d'année (voir dernier paragraphe de cet article).
Ce serait oublier un peu vite qu'il est un redoutable tacticien : lire cet extrait du dossier n°39 du Canard "L'Archipel du Goulot" d'avril 1991 sur le blog de Jacques Berthomeau.
Et comme par hasard, que demandaient entre autres revendications Mr Got, Mme Perrichon et leurs amis de l'association Sécurité Sanitaire aux candidats à la dernière élection présidentielle ?
La taxation de toute boisson alcoolisée au gramme d'alcool pur : LIRE.
Une vieille revendication de la Fédération Française des Spiritueux : lire le dernier paragraphe.
Mais aussi une revendication qui comblerait d'aise également, si elle était prise en compte, les partenaires des alcooliers au sein du Junk Food and Binge Drinking Lobbystic System, c'est-à dire les malbouffisants diabésigènes et leurs cocacollabos macdovéliques !
D'autre part, constatant que les défenseurs du vin ne poussent pas pour le moment suffisamment fort les hauts cris nécessaires à une pleine visibilité de l'opération, il faut noter le fait qu'un médecin très médiatique a pris l'initiative d'évoquer leurs réaction putatives... ce qui, au regard du bon déroulement de l'éventuelle manœuvre, compense un peu ce silence prudent. LIRE.
Au sujet de ce médecin, il serait injuste de dire qu'il manifeste en règle générale une sévérité démesurément excessive à l'égard de l'équipe actuellement en charge du Ministère de la Santé comme en atteste le dernier paragraphe de cet article.
Et injustes, nous nous efforçons de ne pas l'être.
Enfin un dernier détail nous semble significatif.
Mr Péchenard s'est exprimé dans le Journal du Dimanche le 22 Décembre dernier, un samedi (article mis à jour le... 24/12 !).
Nous avons conçu notre "hypothèse parano" en lisant l'interview de Mme Perrichon citée plus haut, soit le 23 mais quelque chose nous chiffonnait quand même pas mal : comment était-il possible qu'une telle éventuelle manipulation puisse être mise en place avec la complicité, même passive, de Mr Jean- Luc Névache, prédécesseur de Mr Péchenard au poste de délégué interministériel à la sécurité routière, devenu en Mai dernier directeur de cabinet de Mme Marisol Touraine ?
Un homme que nous tenons en haute estime : voir notre article du 22/05/12.
Devrions nous nous résoudre à être déçus ?
Non !
Nous n'aurons pas à vivre cette désillusion car un sympathisant actif d'Honneur du Vin, fin observateur de la vie politique, nous a livré une information éclairante : Mr Névache a été "remercié" deux jours avant la déclaration de son successeur, soit le 20 Décembre. LIRE.
Notes de bas de page
1- À noter que le ministre des Transports, Mr Frédéric Cuvillier, s'est dit, quelques jours après la déclaration de Mr Péchenard, favorable à cette version de la mesure. LIRE.
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2- Cela dit, «chat échaudé craint l'eau froide» et nous ne sommes pas des chatons de l'année !
Rappelons que notre association est née en 2009 est que nous n'avons pas oublié les différentes phases de l'infâme manipulation de cette année là :
- la conférence de presse,
- la reprise médiatique généralisée avec titres assassins (exemple : Libération),
- la découverte des motivations (notre article du 27/05/09).
Et puis, «mieux vaut prévenir que guérir», même si la prévention relève du "principe de précaution"... lequel, après tout, est inscrit dans la constitution !
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3- Mme Perrichon, comme la plupart des français, ignore probablement que la malbouffe est la première cause de mortalité évitable : 3 fois plus que le tabac, 12 fois plus que la consommation excessive d'alcool, 50 fois plus que les accidents de la route... et qu'elle reste affectée d'une TVA quatre fois moindre que le vin ou les voitures.
A sa décharge, il s'agit d'un secret très bien gardé, l'Etat faisant lui même partie, par intermédiaire de son bras armé en matière économique, des principaux malbouffisants (relire notre article du 09/07/12).
A sa décharge aussi, la compétence au travers de laquelle elle s'exprime s'exerce essentiellement dans le domaine de la sécurité routière.
Mais alors pourquoi ne parle-t-elle pas de taxer les conversations par téléphones cellulaires (relire notre article du 09/05/11) ?
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Nota Bene : il ne faut pas croire que des deux vilenies évoquées ci-dessus (le coup du "doigt dans l'engrenage" et celui du "cheval de Troie"), l'une exclue forcément l'autre.
On peut très bien avoir à subir les mesures fiscales cette année et être à nouveau confrontés au "zéro alcool au volant" d'ici
un an ou deux.
On pourrait alors parler du "coup du cheval-de-trois-doigts-dans-l'engrenage".
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