Chacun connaît Lysistrata, l'héroïne de la comédie éponyme d'Aristophane écrite en 411 av. J.-C.
Une pièce où l'on peut entendre l'héroïne entreprendre de mettre fin à une sanglante guerre entre Sparte et Athènes.
Cela en mobilisant les femmes afin qu'elles contraignent les mâles belliqueux à mettre fin aux hostilités.
Au moyen d'une générale grève du sexe.
Mais se souvient-on du rôle que joua le vin dans cette paradigmatique irruption des femmes dans la politique ?
Eh bien ce fut le support du serment que prêtèrent les pacifistes résolues !
Plutôt qu'une brebis égorgée ou un cheval immolé...
https://fr.m.wikisource.org/wiki/Lysistrata_(traduction_Brotier)
«LYSISTRATA
Plaçons là une grande coupe noire ; immolons dedans une amphore de vin de Thasos[23], et jurons de n’y jamais mettre d’eau.»
Et un peu plus loin :
«LYSISTRATA.
Qu’il me soit permis de boire de ce vin, si je tiens mon serment.....
MYRRHINE.
Qu’il me soit permis de boire de ce vin, si je tiens mon serment.
LYSISTRATA.
Si je manque à mes promesses, que cette coupe soit remplie d’eau.....
MYRRHINE.
Si je manque à mes promesses, que cette coupe soit remplie d’eau.
LYSISTRATA.
Vous toutes, prenez-vous par serment les mêmes engagements ?
CALONICE.
Oui, par Jupiter.
LYSISTRATA.
Eh bien, je vais sacrifier cette victime. (Elle boit.)
MYRRHINE.
Ô ma chère, laisse-m’en un peu, pour que nous vivions dès à présent en bonnes amies.»
Pas d'abstèmes quand il s'agit de paix !
Mais le lien entre le vin et l'émancipation des femmes et même leur présence forte en politique est bien plus ancien.
Au moins 2000 ans !
Comment ne pas évoquer Sumer et la reine Ku-baba, la première femme ayant accédé à la fonction de gouverneur ?
Avant de monter sur le trône et de fonder la fameuse IIIème dynastie, la dynastie Kish (vers 2450-2350 avant J.-C.), Ku-baba, dont le nom signifie « marchande de vin », n’était qu’une modeste propriétaire de taverne.
Ce qui n’a en fait rien d’étonnant dans la société égalitaire qu’était celle du Moyen-Orient antique.
En effet, les femmes y bénéficiaient d’une grande indépendance : elles possédaient des propriétés, avaient un travail… et particulièrement, très souvent, pratiquaient le commerce du "divin breuvage " !
Cette précision est dédiée aux cavistes féminines de plus en plus nombreuses en France et dont la compétence éblouit bien souvent les amateurs.
Et malédiction dionysiaque à ceux qui ont déclaré la guerre au vin !
Puissent-ils être contraints à ne jamais oublier que la démocratie a été conceptualisée par Socrate (Vº av. JC comme Aristophane) au cours de banquets au cours desquels les idées venait grâce au liquide inspirant.
Et à toujours aussi se souvenir de Lysistrata.
Afin qu'ils puissent trouver un jour la paix... par le meilleur que la vigne ait depuis tant de siècles permis aux hommes d'élaborer.
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