lundi 10 mars 2014

Aggravation sénatoriale

Nota bene avant lecture :
  a) Cet article s'inscrit dans la lignée de celui que nous avons publié le 28 février dernier.
  b) La phrase-clé est en caractères gras et surlignée.
  c) Il est bien évident que l'ensemble des sénateurs ne doivent pas se sentir concernés par la mise en cause que véhicule cet article.
 Et notamment pas, bien entendu, les sénateurs amis du vin auxquels, à cette occasion, nous renouvelons nos remerciements.
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1) AGGRAVATION
 Malheureusement, lorsque l'on cherche sur le site du Sénat, on apprend que le rapport d'information sur la fiscalité comportementale «rapport d'information n°399... fait au nom de la mission d'évaluation et de contrôle des comptes de la sécurité sociale et de la commission des affaires sociales... n'est pas disponible au format électronique».
 Mais nous avons quand même pu le parcourir grâce à une structure amie.
Et au cours de ce parcours, certaines affirmations nous ont particulièrement étonnés...
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Ainsi en est-il de la page 44.
 En effet, celle ci est occupée majoritairement par un tableau reprenant sans réserve les chiffres avancés dans l'étude de Mmes Hill & C° (Alcohol-attributable mortality in France in 2009), soit un total de 49048 décès imputables à l'alcool, et cela malgré les incongruités sur les quels ils sont fondés et nonobstant le fait que nous les ayons signalées aux sénateurs concernés en date du 12 juin 2013 : lire notre courrier.
 Mais la surprise ne vient vraiment pas de là !
Elle vient bien plutôt de la phrase qui se trouve au bas du tableau :
«Selon une étude datée de 2011 portant sur des données de 2008, il   convient d’ajouter à ces chiffres 1 400 décès imputables à une conduite sous   l’emprise de l’alcool.»
 Ainsi, ce rapport sénatorial permet à la littérature œnophobique de franchir allègrement le seuil psychologique des 50 000 décès imputables à l'alcool avec un gain de prés de 3% en un an !
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2) OBJECTIONS
  a) En effet et tout d'abord, il apparaît bien étonnant qu'il convienne «d’ajouter à ces chiffres 1 400 décès imputables à une conduite sous   l’emprise de l’alcool» au chiffres de Mmes Hill & C°" qui ont été publiées en 2013 et cela selon une'«étude datée de 2011» !  Étude citée en référence et que nous avons consultée : Laumon,Gadebegku, Martin et Groupe SAM (2011)"Stupéfiants et accidents mortels (projet SAM) : Analyse épidémiologique".
Et il apparaît clairement et sans surprise qu'aucune mention d'un quelconque chiffre de 49000 décès imputables à l'alcool n'y est indiqué : elle ne porte que sur les décès par accidents de la route.
 Pour mémoire, elle indique en conclusion (page 139) qu'en 2008 le nombre de décès par accidents de la route  attribuables à l'alcool s'élevait à 1380, chiffre dont on peut tout à fait accepter qu'il soit arrondi à 1400, ne chipotons pas sur ce point...
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  b) D'autre part, si l'on se penche avec attention sur ce même tableau, on se rend compte qu'il comporte en 5° position une rubrique "Causes externes", les 4 premières étant consacrées aux maladies.
 Pour Mmes Hill & C°, ces causes externes provoqueraient 8154 décès par an que l'on peut à la rigueur arrondir à 8200.
Quelles sont-elles ?
 Allons à la 14° page de ce document de présentation de l'étude de ces dames :
 http://www.gustaveroussy.fr/doc/cancer/pdf/prevention/mma2013.pdf.
On voit bien que 8200 correspond à la ligne "Accidents et suicide".
 Mais les accidents de la route sont-ils compris dans ces "8200" ?
Reprenons le dernier document examiné et retournons à la 6° page, dernière ligne : nous voyons que le total "Accidents et suicides" est de 37 400.
 Il est intéressant de constater que au passage que les codes CIM 10 recouvrant l'ensemble de ces causes vont de V 01 à Y 89.
 Souvenons nous que cette étude porte sur l'année 2009 et allons sur le site du Centre d'épidémiologie sur les causes médicales de décès (CépiDc de l'INSERM) pour voir quel était cette année là le nombre total de décès imputables à ces causes là : Click.
 Le total porté est de 37368, ce qui, après "arrondissement", correspond bien aux 37 400 avancés par Mmes Hill & C°.
Donc, les 8 200 font partie des 37 400 qui correspondent au "total codes CIM de V 01 à Y 89".
 Or, dans ce total, on trouve les accidents de transports (V 01 à V 99).
Est-ce que les accidents de transport comportent les accidents de la route ?
 La réponse spontanée est «oui», mais vérifions quand même :  http://www.icd10data.com/ICD10CM/Codes/V00-Y99.
On voit bien que tous les moyens de transports sont mentionné, y compris les voitures, les "2 roues" plus ou moins motorisés, les bus, les "pousse-pousse", les transports aquatiques, aériens, spatiaux, etc...
 Et, bien sûr, les déplacement "pedibus cum jambis" !
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 Donc, les accidents de la route font bien partie des accidents de transport, eux même faisant partie des accidents ou suicides, lesquels, par conséquent, font bien partie des "causes externes",  lesquelles sont comprises dans les 49 000 décès imputables à l'alcool selon Mmes Hill & C°.
 Donc, rajouter 1400 aux 49 000 n'est pas pertinent..
  CQFD.
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3) PRÉCISIONS
 a) Chacun aura compris que l'aggravation sénatoriale est à notre avis incontestablement inappropriée... mais nous sommes prêts à débattre ici même ou ailleurs avec ceux qui ne partageraient pas notre point de vue.
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 b) Au travers de cette démonstration, il est évident que nous avons d'une certaine manière été amenés à défendre l'intégrité de l'étude Alcohol-attributable mortality in France in 2009.
Il est bien évident (nombre de nos articles précédents peuvent en attester)  que cela ne saurait signifier en aucune manière que nous la cautionnions sur le fond.
 Cela va sans dire... mais encore mieux en le disant !
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 4) QUESTION
Et Mme Hill comment va-t-elle réagir ?
Va-t-elle se vexer ?
 À notre avis, pas du tout.
Il se pourrait même, toujours à notre avis, qu'elle justifie cette aggravation en soulignant qu'elle est tout à fait normale en vertu du principe qui a fait sa gloire.
 Et qu'elle ajoute in petto : «3% en un an c'est toujours bon à prendre car il est un principe constant quand on poursuit l'objectif d'hyper-fiscaliser le vin : des décès imputables à l'alcool, plus y en a mieux ça va».
Et la réalité des chiffres ?
 «Elle compte moins que le nombre de fois où ils sont validés en étant repris et diffusés.
En fait c'est ce nombre le chiffre vraiment important;, celui dont l'augmentation doit être incontestablement authentique».
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