Nous avions vu lors de notre précédent article publié dans le cadre de la série consacrée à l'analyse de l'étude publiée en 2006 par MM Rey, Boniol et Jougla, que l'application du coefficient QMM/QMC (quantités mises en marché divisé par quantités déclarées consommées), lorsqu'il était appliqué par les auteurs aux accidents mortels de la route, les avait amené à obtenir une part attribuable à l'alcool tellement importante qu'ils en avaient eux-même été effrayés.
Jusqu'à laisser entendre que ce chiffre, pourtant «adjusted» de manière allégée par le fameux coefficient QMD/QDC, pouvait avoir été sur-estimé (overestimated).
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On trouve ceci en 3° et 4° ligne de la page 17 de l'étude produite par ces messieurs en 2006 : «Estimating the number of alcohol-attributable deaths : methodological issues and illustration with French 2006 data».
Le lecteur est invité à conserver ce lien ouvert, nous en aurons encore besoin.
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Que s'est il produit pour que soit obtenu un chiffre aussi outrancier (3118) par rapport au chiffre non corrigé des décès violents imputables à l'alcool (667, tous âges confondus) ?
Sachant de plus que tous les décès violents ne sont pas des accidents de la route !
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L'explication est simple : le coefficient calculé est faux !
De quelle manière a-t-il été calculé ?
On peut en prendre connaissance en lisant le sous-chapitre «Adjusted vs. non-adjusted consumption data», page 7 de l'étude "Estimating etc..." : en divisant 30g/j par 6,2g/j, soit QMM/QDC = 4,84 %. Presque 5%.
Et effectivement c'est ce que disent les auteurs à la 7° ligne de la page 10 : «almost 5».
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Comment ces 30g et 6,2g/j ont-ils été déterminés ?
En ce qui concerne les 30g, il nous est dit que cette «consommation moyenne» a été «calculée à partir des statistiques de vente déclarées à l'administration fiscale»... en 2002.
Première phrase de ce sous-chapitre «Adjusted vs. non-adjusted consumption data», page 7 :
«As expected, in both surveys, there was a marked discrepancy between the reported average consumption (about 6.2 g/day) and the average calculated from the French alcohol sales statistics reported to the tax authorities (30.0 g/day in 2002)».
Pourquoi 2002 alors qu'il nous est dit un peu plus bas qu'en 2006, année sur laquelle porte l'étude, la consommation n'était plus que de 27,9 g/j (page 8) ?
Parce que les données en matière de consommation sont issues de «Doussin A, Dumesnil S, Le Fur P. Enquête Santé et Protection sociale (ESPS): méthode et déroulement en 2002» : voir haut de la p. 7 et référence [33] p. 21.
Le coefficient est donc un coefficient 2002 pour une étude 2009 portant sur l'année 2006.
Mais, bon... on peut considérer que le coefficient ne varie pas beaucoup.
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Par contre, là où il y a un problème, c'est en ce qui concerne le chiffre retenu pour la consommation déclarée, c'est à dire 6,2 g/j.
Nous qui nous faisons un malin plaisir à décortiquer les études œnophobes dans les moindres détails, avons été frappés avec la divergence que présentait ce chiffre avec celui qu'avance Mmes Hiil & C° dans "Mortalité attribuable à l'alcool en 2009" (1° ligne, 3° colonne, texte intégral, page 163).
C'est à dire 11 g/jour.
Pas loin du double !
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Alors, nous avons fait nous même les calculs, à partir de la source, c'est à dire les résultats de l'enquête citée par tous deux en référence.
Des chiffres que nous avons eu quand même beaucoup de mal à nous procurer.
Mmes Hill & C° nous disent bien que «les données sur la consommation d’alcool sont disponibles via le Réseau Quetelet», mais le réseau Quetelet ne les délivre pas si facilement que ça !
Il faut montrer patte blanche et nos pattes ne seront jamais assez blanche dans certains milieux.
Mais l'un de nous (félicitations !) y est parvenu !
S'il vous plait, chers lecteurs, faites nous l'amitié de ne pas nous questionner quant aux méthodes employées...
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Et le résultat des calculs fait "bouger les lignes", comme on dit...
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(À suivre)
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