mardi 23 février 2016

Du lourd ! (3)

Nous n'avons pas fini d'en parler et cela
pour montrer qu'il ne doit pas être pris au sérieux... sauf en ce qui concerne sa dangerosité.

Au titre de laquelle, si ce travail n'était pas fait, il continuerait à constituer une arme redoutable entre les mains œnophobistes.
Au profit de leur sempiternelle pression à but fiscal.

Il porte sur l'année 2010 et son titre officiel est «Le coût social des drogues en France».
Mais nous l'appellerons "le rapport Kopp" : http://www.ofdt.fr/BDD/publications/docs/epfxpkvc.pdf.
On peut lire dès la page 2 : «les paramètres de calculs suivent les recommandations du Rapport Quinet (2013)...»
Rapport Quinet qui porte également sur l'année 2010 : http://www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/CAS_2013_final_CGSP_Evaluation_socioeconomique_170920131.pdf.
Mais que le "rapport Kopp" interprète en fait parfois assez librement.
C'est le moins qu'on puisse dire.

Exemple.
Le rapport Quinet estime la valeur statistique de la vie (VVS) à 3 millions d'euros et la valeur de l'année de vie (VAV) à 115 000 € : voir entre autres 2.1.1. page numérotée 42.
Ces valeurs ne sont nulle part, dans le rapport Quinet, données comme modulables en fonction de tel ou tel facteur.
Eh bien dans le "rapport Kopp", pas d'hésitation !
«Le coût des années de vies perdues du fait des pathologies engendrées par l’alcool est de près de 66 milliards d’euros et la valeur moyenne de la vie perdue par décès de 1,35 millions d’euros à un âge moyen de 63 ans.»
Tandis que «le coût des années de vies perdues du fait des pathologies engendrées par le tabac est  de  près  de  65  milliards  d’euros  et  la  valeur  moyenne  de  la  vie  perdue  par décès de 0,8 millions d’euros à un âge moyen de 71 ans.» (p.40 du "rapport Kopp ")
Donc, au terme de ce calcul aux modalités inexpliquées, en 8 ans la vie humaine perdrait près de 60% de sa valeur !

Cela étant dit malgré que «le rapport  Quinet  refuse de  différencier  la valeur de  la  vie humaine  en  fonction  de l’âge. En effet, selon les auteurs du rapport, les études sont peu conclusives pour établir  des modalités de différenciation.  Plus  généralement, une  telle  différenciation n’apparaît pas opportune du point de vue éthique. La référence à une valeur tutélaire unique exprimant la volonté collective de garantir que l’effort engagé en matière de santé est le même quel que soit le secteur et quel que soit l’individu concerné  :  sauver  une  vie  statistique,  ou  réduire  le  risque  de  décès  doit  mobiliser la  même  somme  d’argent  quelle  que soit  la  personne  en  jeu  (Quinet, 2013).  L’effort qui doit être consenti pour sauver une vie doit être rapporté à une grandeur unique (VVS de 3 millions d’euros) quel que soit l’âge de la personne dont la vie est sauvée. Ainsi, le rapport coût-bénéfice d’une stratégie thérapeutique n’est pas affecté par l’âge du sujet.»
(À cheval sur pages 15 et 16 du "rapport Kopp")
Voir aussi la page 106 du rapport Quinet où il est déclaré que si une différenciation pouvait être établie ce devrait être plutôt en fonction du revenu que de l'âge,  la VVS étant calculée sur la base du consentement à payer pour une réduction du risque de décès.
Sans oublier d'ajouter, concernant ladite différenciation : «de toute façon, cette  dernière n’apparaît pas opportune du point de  vue éthique.»
Réconfortante, cette idée que certains rapports ne négligent pas la dimension éthique !

Mais restons dans la version "cynique", comme si nous ne l'avions pas lue, cette page 106 du rapport Quinet.
Sachant que 71-63 = 8 (et qu'en comptant les années bissextiles, 8 ans = 2 922 jours) il faudrait que nous nous mettions dans la tête que la valeur de notre vie perd en moyenne 188 € par jour !
1,35 millions € - 0, 8 millions € = 550 000 € / 2 922 jours = 118 € (à peu près).
Pas loin de 3 600 € par mois !
Et donc qu'à partir de 82 ans elle ne vaudrait plus rien.
Ce qui, soit dit en passant, pourrait constituer un bon argument de défense pour les assassins d'octogénaires traînés devant les tribunaux : avis aux avocats !

Mais ce qui constitue aussi une source d'argumentation pour les taxolâtres ennemis du vin.
En effet, cela permet d'affirmer en conclusion que «le "coût social" de l’alcool et celui du tabac sont presque identiques. Chacun est presque égal à 120 milliards d’euros...» (page 64 du rapport Kopp).
Rapprochement, bien sûr prêt à être repris lors d'une grande "campagne d'information", tous médias confondus... sans même reprendre le mot "presque".
Comme ce fut le cas en septembre dernier : cf. notre article "Du lourd ! (2)".

Cela étant dit, les lecteurs savent que nous aimons bien travailler à partir des chiffres de nos adversaires et le fait que M. Kopp indique 63 ans comme étant l'âge moyen des décès pour cause d'alcool n'est pas forcément négatif.
Nous verrons bientôt pourquoi...

                                                                                             (À suivre)

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