Que veut dire le mot psychoactif ? Voici une définition simple : ayant une action sur le cerveau. Le cerveau est le siège des fonctions cognitives mais aussi des émotions, des sentiments même si, concernant ces deux derniers points, c'est depuis la préhistoire le cœur qui symbolise ce centre, celui aussi des ressources psychiques, du "moral" comme on dit. Une substance, un produit psychoactifs agiront donc sur ce cœur symbolique. Le vin est un produit psychoactif nous ne l'avons jamais nié. Nous l'affirmons même avec fierté et bien d'autres l'ont observé bien avant nous. «Le bon vin réjouit le cœur de l'homme», «donnez du vin à ceux qui ont l'amertume au cœur », «pas d'allégresse sans vin» nous apprennent la Torah et le Talmud.
Pour sa part, Pline l'Ancien ajoutait : «le vin, à lui seul, est un remède, il nourrit le sang de l’homme, il réjouit l’estomac et amortit chagrins et soucis ».
Et peut-être qu'Hippocrate, le père de la médecine moderne, ne pensait-il pas seulement au corps lorsqu'il affirmait : «Le bon vin est une chose merveilleusement appropriée à l'homme si, en santé comme en maladie, on l'administre avec propos et juste mesure suivant la constitution individuelle».
Mais outre le cœur (1) et le corps, il y a aussi l'effet sur les capacités de l'esprit lui même.
L'esprit qui conceptualise : on se souvient que, selon Platon, lors des banquets au cours desquels Socrate, au sein de son Akademeia, pratiquait la maïeutique, l'art d'accoucher les esprits, du vin était servi pour faciliter la mise au monde des idées, des concepts. C'est ainsi notamment qu'a été théorisé le principe de République. (2)
Et puis aussi l'esprit au sens français du terme, celui qui scintille et agrémente les conversations et la littérature, celui qui faisait dire à Voltaire, en plein Siècle des Lumières à propos du champagne (de création alors relativement récente) :
«De ce vin frais, l’écume pétillante,
de nos Français est l’image brillante».
Et dans le domaine de l'émotion artistique pure, peut-on penser que Bach ou Mozart aient pu atteindre le sublime sans leur amour du vin ?
Dans celui de la poésie on peut citer, entre autres, Omar Khayyam, Ibn al-Farid (Eloge du Vin) ou Baudelaire, bien sûr. Et dans celui de la littérature, ceci pour un peu féminiser notre propos mais surtout parce qu'elle a écrit des choses merveilleuses sur le vin, c'est Colette que nous évoquerons en exemple.
Mais il convient surtout de ne pas oublier l'immense Victor Hugo qui souligne ainsi l'effet éclaircissant pour la pensée :
« À jeun, moi j'ai l'esprit rêveur et saugrenu :
Je bois un coup, l'erreur s'en va, le faux se brise,
Avez vous remarqué cela ? Le vin dégrise».
Pour tenter de comprendre par quel mécanisme se produit cet effet psychoactif améliorant les qualités intellectuelles, on peut se reporter à notre article du 26 Janvier dernier (sans oublier le commentaire de notre lecteur qui est intéressant).
(1) Il ne saurait être question pour nous de prétendre pour le produit que nous défendons à l'exclusivité de la psychoactivité naturelle positive* dans le domaine alimentaire**.
D'autres peuvent y prétendre, souvent plus récemment sur nos tables : le chocolat par exemple est, paraît-il, "bon pour le moral". L'idéal étant qu'il soit consommé pur, sans sucre ajouté.
*Nous nous sommes refusé ici à aborder le cas des molécules psychoactives de synthèse (psychotropes et autres) faisant partie de la pharmacopée car elles sont forcément bénéfiques puisqu'agréées par... l'ex-ASSAFPS.
**A ceux qui se refusent à considérer le vin comme étant partie prenante du domaine alimentaire, nous précisons qu'il fait partie des produits cités dans le Codex Alimentarius (FAO/OMS).
(2) En ces temps plutôt propices à la perplexité devant une situation globale difficile à maîtriser, il est une solution pour que nos gouvernants légifèrent aux mieux : «Servez-leur du bon vin, ils vous feront de bonnes lois », conseillait Montaigne.
Nota Bene
Cet article a été intégré à notre dossier "Œnoptimisateur cérébral".
.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire